Homme de lettres averti que vous êtes, je ne saurais vous donner de bons conseils. Mais peut-être, parce que j’appartiens à une génération encore éloignée du saint âge ou du sain sage – bien que tout cela soit relatif – quelques vertes indisciplines viennent encore me tarauder. Espérons que cela soit mis sur le compte d’une vitalité qui ne pourra manquer de vous toucher, vous le Gab la Rafale. Ainsi, je pense que votre site Internet gagnerait à être complété - pour les rubriques Infos et Chroniques - par un blog. Prolespe : je connais votre opinion sur les blogs, ces latrines, et vous avez raison quand ceux-ci ne sont pas tenus par vous-même. Et puis je ne cherche pas à vous convaincre, ce serait hâter refus et agacements. Sollers à le sien, il est temps aux hommes de Port Royal et de Tréville de sortir la rapière, vous qui souhaitez toujours être à la pointe littéraire. Vous étiez déjà l’un des premiers écrivains français à avoir un site, mais une ère nouvelle s’ouvre où le blog permet publications régulières, commentaires et actualisations. C’est le lieu des tribunes lues et discutées. Sans vouloir recréer les années de Combat ou du Monde, il serait au demeurant propice à votre plume acerbe et généreuse. C’est le rôle des hommes de lettres que d’anticiper là où ils peuvent être vif ; vivre avec son temps et ses jeunes, mais également en être maître : le temps, les jeunes ont beaucoup à apprendre de votre pensée.
La rubrique "Les Nouvelles chroniques de GM" me permet, lorsque je le désire, d'exprimer mon sentiment sur tel ou tel point de l'actualité politique et cela me suffit amplement. Quant aux jeunes, ils me rencontrent dans mes livres et c'est pour moi l'essentiel, comme pour un peintre l'essentiel est que ceux qui aiment son travail achètent ses toiles, visitent ses expositions. Que Picasso tienne un blog ou ne le tienne pas, franchement, ce n'est pas ça qui importe. Si Sollers (que me cite en exemple à suivre "John S."), avec tout le boulot qu'il a chez Gallimard comme directeur de collection, rédacteur en chef d'une revue et membre du comité de lecture, et en outre l'écriture de ses propres livres, a encore le temps de tenir un blog, chapeau, mais moi j'ai des plaisirs d'un tout autre genre, comme "John S." s'en convaincra en lisant mon prochain livre, "Les demoiselles du Taranne".
Si je peux me permettre, je suis prête à parier que ce que Gabriel Matzneff pense des blogs d’Internet, ce «dégueulis ininterrompu de bavardages », il l’a exprimé par le truchement de Raoul Dolet dans «Voici venir le Fiancé », que je vous invite à relire. Véra S.
Je suis tout ébaubi de voir les chroniques de M. Matzneff se muer en blog, avec la possibilité de laisser des commentaires... La voix de la raison (la mienne donc!) à donc porté ses fruits (quelle fatuité je montre là, m'enfin, passons...). Et c'est avec une chaleureuse satisfaction que je salue M. Matzneff d'avoir sauté dans ce "dégueulis ininterrompu de bavardages" ou du moins dans ces nouvelles "latrines" publiques (oui, oui Véra, j'avais bien lu, d'où mon premier message!)... Non, tout n'est pas mauvais sur Internet ou sur les blog, l'outil doit être apprivoisé... et ce n'est pas toujours facile, mais je sais que M. Matzneff n'est pas tout à fait ses personnages. Pour s'en convaincre:
voir la magnifique dramaturgie tout en commentaires : http://www.leoscheer.com/blog/2007/08/23/120-naissance-des-pieuvres
